Sandrine Arrestier | Publié le 10/04/2021 La joie de Yannick Bazin (n° 2) et Daniel Cagliari, un passeur et un pointu qui se sont bien trouvés, comme toute l’équipe. Photo Pierre Rouanet
Vainqueurs inattendus de Narbonne, 3e de la saison régulière, lors du quart de finale aller (3-0), les promus cambrésiens défendront leurs chances dans l’Aude, ce samedi, voire dimanche en cas de belle. Ils donneront tout, insiste leur leader, le passeur vétéran, ex-international, Yannick Bazin (37 ans), animé par la gagne.
– Yannick, il y a une vraie chance à saisir pour Cambrai ce week-end…
« Évidemment (rires), on a gagné la première manche. De toute façon, on joue pour se qualifier. Même si on avait perdu l’aller, on serait allés là-bas pour gagner deux fois. Là, il reste une fois, on va essayer de le faire dès samedi. On sait que ça va être compliqué. Narbonne ne jouera sans doute pas de la même manière et aura plus de repères dans sa salle, encore plus petite que la nôtre. Mais on a mis une pression, surtout en gagnant 3-0, ça peut peser dans la tête. Et surtout, physiquement, ça nous a fait du bien, surtout moi, de ne jouer que trois sets ! On va tout donner sans calculer, sans garder de l’énergie pour une éventuelle belle. »
Êtes-vous encore étonné par ce que fait l’équipe ?
« Non, ce n’est pas une surprise parce que je vois tout ce qu’on fait depuis le début de saison. Mais j’étais inquiet de comment on avait terminé la saison physiquement et comment on pourrait remettre la marche avant en play-off, surtout après deux semaines sans match. Mais ça nous a du bien au niveau de l’énergie, moi encore plus. J’avais besoin de souffler un peu. Et la saison a été longue, compliquée avec tout ce contexte Covid. Nous, on savait qu’on en était capables, il suffisait de trouver l’énergie pour transmettre notre état d’esprit sur le terrain. Et les mots nécessaires. »
« Beaucoup de gens se sont habitués au caviar »
– Quels mots ?
« Se dire les choses. On en a entendu beaucoup, sur la fin, avec nos quelques défaites en mars, chez certains supporters ou autour du club : qu’on n’avait plus la tête à ça, que je partais, d’autres aussi, que ça avait démobilisé l’équipe, qu’on avait fait le job et que c’était terminé. Alors que pas du tout. Beaucoup de gens se sont habitués au caviar. il ne faut pas oublier que c’est la première saison du club en Ligue A. je suis étonné qu’on ait autant gagné cette saison avec cette équipe : on a un beau groupe mais pas d’individualités. Notre force, c’est des joueurs qui mettent leur talent au service du collectif. Ça fait partie de la vie d’un sportif d’entendre quand c’est bien comme quand c’est moins bien, mais les raisons… On voulait répondre sur le terrain. On a montré samedi qu’on ne faisait pas les play-off pour s’amuser mais pour les gagner. »
– C’est-à-dire ?
« Aller le plus loin possible. C’est notre chance, cette année, on ne se met pas de limites. Je me souviens qu’à Tours, le coach voulait faire tourner, mais personne ne voulait, on savait qu’on pouvait gagner là-bas, on l’a fait Mais il faut continuer à rester humbles et à travailler car ce sera compliqué ».
– Vous avez été champion de France (2009, 2015), été international (44 sél.), joué à l’étranger. Qu’avez-vous trouvé à Cambrai pour y passer cinq saisons ?
« J’ai été bien accueilli et j’ai surtout senti que le club avait envie d’avancer, à son niveau. C’est une petite ville, avec de petits moyens (plus petit budget de Ligue A), mais il avait l’ambition de monter. Je savais que ça se ferait par étapes. Ça a mis un peu de temps mais ça s’est fait, c’était mon objectif : faire évoluer le club, un peu comme je l’avais fait à Chaumont J’avais dit que je ferai une saison en Ligue A pour essayer de maintenir l’équipe, c’est réussi. C’était un défi, ça me tenait à cœur de rendre ce qu’on m’a donné quand je suis arrivé. Maintenant, je vais laisser ma place et aller voir ailleurs. »
– Pourquoi partir ? Et pour un autre club de Ligue A ?
« Déjà, je n’y pense pas pour le moment, j’ai toujours en tête de gagner, d’avancer. Il n’y a rien d’officiel pour mon prochain club mais il me propose un projet hyper intéressant sportivement (2 saisons), car j’ai encore envie de jouer, mais aussi dans l’après-volley (il a commencé à préparer ses diplômes d’entraîneur), ce que Cambrai ne m’a pas offert. J’ai eu la chance que le président me libère, je ne pars pas fâché. Un moment, il faut penser à la suite, c’est un autre challenge. »