> Arrivé en 2012 dans la cité de la bêtise, le technicien slovaque, après sept saisons passées à la tête du VBCC, qu’il était parvenu une saison à hisser en Élite (3e division nationale), s’est vu confier les clés du Cambrai Volley cette saison. Une très belle récompense pour ce gros travailleur sur qui le club avait misé dès 2014.
Fabrice Bourgis | Publié le 20/10/2021
Roman Ondrusek, une force de caractère au service du Cambrai Volley. PHOTO THIERRY TONNEAUX – VDNPQR
> – Roman, vous êtes arrivé en France en 2009. Pensiez-vous que votre aventure allait finalement perdurer ?
> « Non jamais je n’aurais pensé rester si longtemps ici. Quand je suis arrivé, je pensais faire une ou deux saisons… Finalement, ça fait 12 ans que je suis là. C’est la même chose quand je suis arrivé à Cambrai. J’étais venu pour jouer et après deux saisons, je suis devenu entraîneur. Cette proposition-là est arrivée à mes 34 ans. C’était peut-être un peu prématuré. Mais je me suis dit que ça pouvait être une belle opportunité d’autant que j’avais ça en tête. »
– Vous débutiez complétement dans l’entraînement ?
> « J’avais mes diplômes. Reconnus en Slovaquie mais pas ici. J’ai donc été obligé de tout reprendre à zéro. Et ça m’aura pris cinq ans en tout. »
Grégor Roprev. PHOTO CHRISTOPHE LEFEBVRE – VDN
« Quand j’ai attaqué le diplôme d’État, le DESJEPS. Là ça a été dur. Une fois par mois, je partais à Toulouse pour quatre jours. Et certains soirs, ça a été très compliqué. Ça a été une période très dure pour moi. »> – Ça n’a pas dû être simple avec la barrière de la langue ?
> « Quand je suis arrivé à Nantes, je ne parlais pas un mot de Français. Mais étant professeur d’Allemand de formation, je sais comment ça marche l’apprentissage d’une langue. Je m’y suis donc mis de suite. Et au départ, pour ce qui est de l’obtention des diplômes fédéraux, ça a été. C’était des stages d’une ou deux semaines par saison. Ça va. »
> – C’est après que ça s’est compliqué ?
> « Oui quand j’ai attaqué le diplôme d’État, le DESJEPS. Là ça a été dur. Une fois par mois, je partais à Toulouse pour quatre jours. Et certains soirs, ça a été très compliqué. Ça a été une période très dure pour moi. J’étais salarié au VBCC où je m’occupais notamment de l’équipe B. Et deux fois par semaine, je participais aussi aux entraînements de l’équipe pro à Cambrai. C’était au moment de l’arrivée de Gaby (Gabriel Denys). La charge de travail était lourde. Ça a été 18 mois très, très dur mais je savais où j’allais. Il n’était donc pas question d’arrêter. »
TONNEAUX – VDNPQR
> – Bien vous en a pris en tout cas et au regard de votre nomination, cette saison, à la tête du CVEC.
> « Je suis super-content, oui. Super-motivé surtout. Mais j’arrive avec beaucoup d’humilité. J’ai conscience que je dois encore faire mes preuves. Et je vais rester dans ma bulle pour faire mon travail du mieux possible. Maintenant, je comprends ce jeu-là (la Ligue A) et je crois qu’on peut aller plus loin. En tout cas, je ne me cache pas. »
> Roman Ondrusek, 41 ans, a débarqué en France en 2009, à Nantes (Pro B). International slovaque – équipe avec laquelle il a disputé deux championnats d’Europe (dont un terminé à la 5e place) et remporté à deux reprises la Ligue Européenne (2004 et 2008) –, le réceptionneur attaquant, qui a fini sa carrière au poste de libero, a ensuite évolué une saison à Dunkerque (Pro B) et Chaumont (Pro B) avant d’arriver à Cambrai en 2012. Avec Nantes et Chaumont, il a décroché l’accession en Pro A. À Cambrai, il est parvenu à hisser le VBCC en Élite.
> « On y a travaillé à deux avec Gaby (Gabriel Denys, ex-entraîneur désormais manager général du CVEC). Mais le choix final (Reprov, Truhtchev et Tupchii), c’est moi qui l’ai eu. Maintenant, je ne serai jamais allé contre son avis. J’ai entièrement confiance en lui surtout que c’est vraiment l’un de ses points forts le recrutement. Les options sur lesquelles nous n’étions pas tout à fait en accord, on les a donc évitées.
> J’ai beaucoup de respect pour Gaby. Quand il est arrivé ici, j’ai de suite été en contact avec lui. Et puis on a été ensemble en formation à Toulouse pour le DESJEPS. On a réussi à construire une relation saine. On se comprend bien. Il a de l’expérience et il sait à quoi s’attendre. Je compte sur lui dans les mois à venir pour qu’il me donne son avis. »
> « Je ne ressens pas de pression. J’image que du monde pense qu’on va être champions de France après la saison exceptionnelle réalisée par le club l’an passé. Mais je suis réaliste et les dirigeants aussi. Le vrai objectif du club, c’est de se stabiliser à ce niveau. Après, je ne me cache pas non plus. On a justement vu la saison dernière que tout est possible. On a bien recruté, l’équipe est intéressante, on verra. Mais le maintien, ça reste l’objectif prioritaire. Surtout que ça a recruté très costaud partout. La saison sera très serrée, très dense. C’est bien pour le spectacle. Bien pour les gens. Mais ça va être dur. Mais on est prêt à ça. »
> « En fait je suis très carré. Très exigeant. Mais je pense aussi être très ouvert à la discussion. Et la seule chose sur laquelle j’ai vraiment insisté cette saison, auprès des joueurs. C’est sur le fait qu’ils se respectent l’un, l’autre. C’est la condition pour pouvoir faire quelque chose de bien ensemble. »
> « Au VBCC, je me suis occupé de toutes les catégories jeunes, en plus de l’équipe fanion, avec laquelle ça a été dur. Après le départ de Christophe (Haffner, disparu en 2014), on s’est retrouvé dans une situation compliquée. Avec cinq ou six joueurs, plus quelques anciens. Il a fallu tout reconstruire. On a commencé par faire émerger des jeunes. Ce qui nous a permis de reconstruire assez vite un groupe en N3. Et c’est reparti. Lors de la dernière saison, les joueurs étaient prêts à venir s’entraîner cinq fois la semaine. Ce qui est énorme chez les amateurs. »